ZAZAGASY, un projet pour grandir, dir. Edith Marichal, photos Emi, 2008
Une fois n'est pas coutûme, je vais avoir le verbe acide. Et pourtant tout partait d'une bonne intention : créer un centre de "remise à niveau", destiné aux enfants des rues de Tana. Ce n'est pas le premier projet du genre, mais il suffit d'arpenter quotidiennement les rues de la ville pour se convaincre de l'utilité de telles institutions.
Oui mais alors pourquoi ce livre, et pourquoi maintenant ? Car le centre n'est qu'un projet, il n'a pas la moindre brique, et déjà sort cet ouvrage très luxueux, imprimé en Belgique sur papier maxisoie, avec le renfort d'un nombre impressionnant de sponsors. Et surtout rien dans ce livre, tout l'opposé de "Mafonja" dont je vous parlais dans un précédent article. Rien si ce n'est les clichés en cartes postales touristiques de vazahas qui abordent le pays en technicolor, plages de sable fin et inévitables sourires de gosses. Même le projet n'est abordé qu'en une page, comme une introduction sans suite.
Certes le maquettiste est doué, il a réussi à rendre attrayant un produit à contre-sens. Pourquoi ne pas avoir utilisé cette manne financière pour bâtir d'abord le projet humain, quitte à en faire des photographies par la suite, qui auraient eu une signification celles-là ? Peut-être les membres de l'association Zaza gasy ont-ils jugé plus pertinent de sortir cette coûteuse carte de visite pour soulever d'autres fonds ? Loin de moi l'envie de décourager les bonnes volontés, mais il me semble que prendre la responsabilité de gérer des fonds, c'est aussi accepter de se poser la question du sens. Voilà, c'est dit.